Quand l’état désastreux de nos routes exacerbe la résurgence des maladies du cacao et la paupérisation en milieu rural

La route Soubré – San Pedro, longue de 134 kms a été longtemps la voie de soulagement pour ses usagers du fait de l’état désastreux de la côtière. La dégradation de ce tronçon s’est accélérée avec cette intensité de trafic entre Soubré et San Pedro, en plus de nombreux usagers en provenance de la mégapole Abidjan. Quand on sait que San Pedro est le plus grand port de cacao du monde et que toutes les fèves acheminées vers cette ville viennent de Soubré, Gagnoa, Duékoué, Guiglo, Man, Biankouman, etc, il y a de quoi s’inquiéter. Même si cela ne saurait être la cause directe de l’acheminement illégal de notre cacao vers les pays limitrophes de l’Ouest, il n’est pas à craindre que l’état de la route y soit pour quelque chose.

L’ouverture de la côtière complètement refaite représente un soulagement pour les populations. Il convient de saluer, par ailleurs, les efforts du gouvernement ivoirien pour rebitumer cette voie de 397kms. Cependant, le tronçon Soubre – San Pedro se trouve dans un état désastreux et devient un risque permanent pour les usagers. Dès lors, pour soulager les agriculteurs de la nouvelle boucle du cacao en Côte d’Ivoire et réduire les pertes économiques, la réhabilitation de la route Soubré – San Pedro sonne comme une priorité de développement local, à côté du plan de résilience aux maladies qui détruisent le verger, en l’occurrence le Swollen Shoot, la pourriture brune, etc.

Lorsqu’un chef du village avoue ne plus avoir un seul pied de cacaoyer dans une région supposée être l’épicentre mondial du cacao, nous devons comprendre qu’il y a urgence à agir pour sauver les chaînes de valeurs et l’industrie du cacao. Le Swollen Shoot dévaste le cacao dans la région de la Nawa et l’accompagnement des agriculteurs sur place au-delà de l’arrachage des plantations de cacaoyers infectées constituent une préoccupation majeure. Imaginez-vous les conséquences en pleine rentrée scolaire pour des milliers d’élèves ? La boucle de cacao est en train de devenir une zone complètement enclavée et s’y rendre pour accompagner ces planteurs qui font la fierté de ce pays, devient un vrai parcours de combattant. Nous nous retrouvons confrontés donc à deux défis majeurs :

1- L’état désastreux de la route de la boucle du cacao qui empêche d’accompagner nos valeureux planteurs

2- L’augmentation des cas de Swollen Shoot du fait du non-accompagnement conséquent des planteurs.

Si les cas de Swollen shoot ont drastiquement diminué dans les régions du sud, cela est aussi dû à l’intensité avec laquelle les agents de l’agriculture ont conjugué leurs forces dans ces zones.

Outre, de nombreux planteurs ont choisi d’abandonner la culture du cacao au profit de l’hévéa parce qu’ils sont soulagés par des usines sur place, mais transporter les produits des champs aux lieux de séchage, puis jusqu’au point de stockage reste un vrai périple. En plus, joindre le port de San Pedro est autant fastidieux. Une voie dégradée qui accroît l’insécurité, endommage les véhicules et induit des pertes cumulées pour toutes les chaînes de valeurs agricoles.

Dans le département de Méagui, le chef du village de Toadji 1 a abandonné le cacao pour l’hévéa face à la menace de la maladie du Swollen Shoot. Or, il faut opter pour la diversification, preuve d’une plus grande résilience économique, au lieu de remplacer la culture du cacao par celle de l’hévéa. Multiplions les actions de proximité pour soulager les communautés locales de manière durable. Une telle approche constante favorise des bénéfices durables multiformes pour toute l’économie nationale et les partenaires internationaux. Nous devons davantage encourager ces agriculteurs à faire preuve de résilience économique, mais aussi appeler l’Etat à résolument continuer les travaux de désenclavement des zones qui se trouvent être les poumons de notre économie ! Ne dit-on pas que la route précède le développement ?

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