Préserver les zones humides : un enjeu vital pour notre avenir

Cruciales pour la nutrition et la séquestration du carbone, les zones humides et particulièrement celles d’importance internationales (zone RAMSAR) subissent une dégradation alarmante sous nos yeux. En seulement cinq décennies, « 35 % des zones humides de la planète ont disparu », alerte l’ONU. Pourtant, la lutte contre la sécheresse et la propagation de nombreux fléaux environnementaux commence par leur préservation.

Six (6) zones humides (Azagny, Ehotilie-Assinie, Grand Bassam, Fresco, Nganda Nganda, Sassandra) en Côte d’Ivoire disposent d’un statut particulier pour l’humanité, énuméré par la Convention sur les zones humides. Cependant, la pollution issue des industries extractives, l’extension des villes, l’urbanisation incontrôlée et l’industrialisation à outrance, menées au détriment de l’environnement, accélèrent la destruction des zones humides en général.

En l’occurrence, la ville de Grand Bassam, cette zone humide devient particulièrement exposée, car elle est actuellement la cible d’opérations immobilières sans véritable étude de risques approfondie. Ces zones sont inondables avec des sols saturés en eau jusqu’à la nappe phréatique. Les oiseaux migrateurs qui avaient fait de l’espace entre les deux ponts une zone de refuge et de transit ont drastiquement diminué en nombre ces derniers années. Les perturbations humaines constituent la principale cause de ce déséquilibre des fonctions écologiques et
hydrologiques de cette zone humide.

Le développement du Grand Abidjan a-t-il tenu compte de l’existence de cette zone humide d’importance internationale qu’est Grand Bassam ? Inévitablement, le compactage des plateformes immobilières, la mise en place tous azimuts de plantations, même souvent industrielles, exacerbent les risques d’inondations dans la ville historique de Grand Bassam.

Outre, l’agriculture extensive, la pêche et la chasse excessives figurent parmi les facteurs de dégradation des zones humides. Cependant, la prolifération des déchets industriels et les projets immobiliers à risque portent dès lors un coup fatal à l’existence de ces écosystèmes fragiles. Le remblayage des zones humides, véritables niches de biodiversité, devient une pratique courante, tandis que l’installation d’usines et le déversement de leurs déchets dans ces milieux compromettent notre bien-être à court et long terme.

Le secteur privé a tout à gagner en s’impliquant dans la préservation des zones humides. Il est essentiel d’établir une cartographie précise et actualisée de ces milieux en Afrique afin de mieux les évaluer et réduire les risques. Des mesures de suivi et des stratégies de résilience doivent être mises en place. Protéger ces écosystèmes, c’est garantir une meilleure santé, une éducation de qualité et une économie plus résiliente pour les générations actuelles et futures.

Aujourd’hui, 40 millions de personnes et 2 168 km² sont touchés par la désertification au Sahel. L’ampleur de la sécheresse en Afrique constitue une menace réelle, dont les effets se font déjà sentir sur l’économie et les flux migratoires. L’eau, c’est la vie. Or, 95 % de nos ressources nutritionnelles proviennent des sols, qui se dégradent à un rythme inquiétant : chaque minute, 23 hectares disparaissent.

À l’approche de la 15ᵉ session de la Conférence des Parties contractantes à la Convention sur les zones humides (COP 15), prévue du 23 au 31 juillet 2025 au Zimbabwe, la Journée mondiale des zones humides met en lumière un message fort : « Protéger les zones humides pour notre avenir commun ».

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