D’ici 2060, l’Afrique comptera environ 2,8 milliards d’habitants. En Afrique, et particulièrement en Côte d’Ivoire, regardez ce que nous pourrions faire avec nos terres pour être fiers de nous nourrir et de créer suffisamment d’emplois décents. L’agriculture qui respecte la nature et les hommes est la voie de notre salut, et ceux qui peuvent le faire sont nos jeunes. En plus, ils peuvent en vivre aisément, car de plus en plus d’exemples sur le continent montrent que la jeunesse peut non seulement vivre de l’agriculture, mais en faire un métier qui rapporte de l’argent. Le tout est de la faire intelligemment, en promouvant une agriculture régénérative. Ci-dessous, l’intégralité de mon interview sur RTI.INFO :
L’Afrique devient inéluctablement le continent le plus peuplé avec une population majoritairement jeune, quels sont les avantages de l’entrepreneuriat agricole pour cette population ?
Je vous remercie pour l’opportunité que vous nous donnez de partager notre avis sur la jeunesse africaine et l’agriculture. La population africaine est majoritairement jeune et elle ne devrait pas être vue comme un problème mais plutôt comme une énorme opportunité pour notre continent. Malheureusement, on nous a toujours fait croire que l’on ne va à l’agriculture que lorsqu’on a essayé toutes les autres possibilités. Pourquoi ? Parce qu’on considère l’agriculture comme le métier des pauvres.
Cela ne devrait pas être le cas, car lorsque l’on regarde les pays dits industrialisés où notre jeunesse aspire voyager et même à y vivre, ces pays-là ont eu comme socle le développement agricole avant le chemin de leur développement industriel. D’ici 2060, l’Afrique comptera environ 2,8 milliards d’habitants. En Afrique, et particulièrement en Côte d’Ivoire, regardez ce que nous pourrions faire avec nos terres pour être fiers de nous nourrir et de créer suffisamment d’emplois décents.
L’agriculture qui respecte la nature et les hommes est la voie de notre salut, et ceux qui peuvent le faire sont nos jeunes. En plus, ils peuvent en vivre aisément, car de plus en plus d’exemples sur le continent montrent que la jeunesse peut non seulement vivre de l’agriculture, mais en faire un métier qui rapporte de l’argent. Le tout est de la faire intelligemment, en promouvant une agriculture régénérative.
Quelles sont les difficultés récurrentes auxquelles les entrepreneurs agricoles sont confrontés, selon votre expérience terrain en Côte d’Ivoire et en Afrique ?
En réalité, je ne vois pas vraiment de difficultés. Je parlerai plutôt de défis qui ne sont pas incontournables et auxquels nous devons tous faire face pour faire avancer nos pays vers l’émergence agricole. Il faudrait que les agriculteurs s’unissent et parlent d’une même voix, car leur poids est déjà énorme dans nos différents pays. En outre, tout ce que nous consommons est le fruit de leur labeur. Donc sans eux, nous autres ne sommes rien. En prenant conscience de cette force, ils transformeront les défis en opportunités. L’union a toujours fait la force pour non seulement faire entendre la voix des agriculteurs, mais aussi pour booster leur résilience économique.
Par exemple, on leur a toujours fait croire que les produits pesticides et engrais de synthèse, achetés à des prix exorbitants, sont les seuls produits chimiques qui peuvent booster la production. Que non! Aujourd’hui, force est de constater que le producteur n’a pas besoin de s’endetter en achetant tous ces produits dont les effets néfastes sur notre environnement et sur nous-mêmes sont catastrophiques. Les agriculteurs sont capables de fabriquer eux-mêmes des biopesticides, du compost et des engrais organiques issus des déchets des champs. Il faut résolument se former dans ce sens et s’engager dans l’économie circulaire et régénérative pour bénéficier de nombreux avantages durables.
En formant des jeunes et des structures pour le développement de projets agricoles et environnementaux, quelles perspectives pour les générations présentes et futures ?
Les pays comme la Côte d’Ivoire, dont le succès repose en grande partie sur l’agriculture, n’ont pas d’autre voie que la formation de leur jeunesse aux techniques agricoles avancées. Cela leur permettra de booster la production agricole, mais surtout de transformer les matières premières sur place. La plus forte valeur ajoutée dans une économie réside dans la capacité des pays à transformer leurs matières premières localement. Elle apporte plus de richesses en termes d’économie, mais crée aussi de l’emploi pour cette jeunesse.
Il faut cesser ou du moins drastiquement réduire l’exportation de nos matières premières, car en le faisant, nous enrichissons davantage les pays déjà riches et poussons nos jeunes vers le chômage et l’émigration, les exposant ainsi à tous les risques que nous connaissons et condamnons. Par conséquent, il est essentiel d’améliorer notre façon de pratiquer l’agriculture pour la rendre plus attrayante.
Donc en résumé et pour répondre à votre question, en termes de perspectives pour les générations futures, nous devons en tant que pays et groupement sous-régional, non seulement renforcer notre résilience économique, mais aussi offrir à notre jeunesse des opportunités durables et prometteuses d’innovation et d’emploi. Une agriculture mieux valorisée et intégrée à une dynamique pour une économie verte va garantir une excellente santé puis un avenir prospère à tous, et bien entendu aux jeunes car ils seront les plus nombreux bénéficiaires.
Les jeunes, les femmes et les enfants constituent la cible de toutes les publicités et sont confrontés au surconsumérisme. Quel message pouvez-vous leur adresser pour qu’ils ne deviennent pas des canaux de pollution mais des bâtisseurs d’une planète où le bien-être est restauré ?
La chance que nous avons en tant qu’Africains, c’est que nous voyons les effets négatifs de la malbouffe et de la surconsommation dans les pays industrialisés comme les États-Unis et autres. Nous ne sommes pas obligés de passer par les mêmes erreurs pour redresser notre propre situation. Il faut être malins et consommer local, en évitant de faire nos courses à l’étranger les week-ends pour manger. Cela augmente non seulement notre empreinte carbone au moment où nous parlons de plus en plus de résilience climatique, mais nous engage également dans la consommation de produits surgelés qui ne sont pas forcément bons pour notre santé.
Il est essentiel de consommer ce que nous produisons, mais aussi d’être maîtres de ce qui atterrit dans nos assiettes. Cela signifie que chacun devrait être capable de cultiver un petit jardin où il produit, sans produits chimiques, sa salade, ses tomates, ses aubergines, etc., qui sont nettement plus nourrissantes.
Les jeunes, les enfants et les femmes peuvent aussi contribuer à réduire largement la pollution plastique. Il y a l’insalubrité, les inondations que cela entraine. N’oublions pas que la chaine alimentaire nous retourne les déchets plastiques jetés dans les rues, les cours d’eaux et dans la nature sous forme de microplastiques dangereux pour la santé.