CEDEAO : Entre Swollen shoot et extraction aurifère, des catastrophes à l’horizon

Bientôt un siècle, le Swollen shoot sévit en Afrique de l’ouest. Au départ ce virus paraissait anodin.  Cependant, cette maladie ravage notre cacaoculture pendant que l’orpaillage clandestin et sa pollution  font leur chemin. Plus de 105 millions d’hectares de cacao arrachés, de 2018 à 2021. Un désastre économique et environnemental, alerte le Conseil du café-cacao (Ccc) avec ce bilan issu de son programme d’arrachage intensif des parcelles de cacao infectées par la maladie du Swollen shoot en Côte d’Ivoire.

Au bout de trois à quatre ans, aucun cacaoyer ne survit lorsqu’il est attaqué par le virus du Swollen shoot. Aucun remède jusqu’à présent. Entre-temps, les imprévisibilités climatiques et l’appauvrissement des sols exposent notre verger à plus de maladies. Les 12 bassins versants de la Côte d’Ivoire s’avèrent à ce jour pollués par les orpailleurs clandestins et par les activités de certaines industries, indique le ministère des Eaux et Forêts.

La santé animale tout comme la santé humaine sont menacées, ainsi que celle de notre économie car celle-ci dépend largement des devises tirées de la cacaoculture. L’organisation du Symposium international sur la recherche cacaoyère coorganisé par l’Organisation internationale du cacao (ICCO) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) a tout son sens face à l’urgence et la résurgence des effets ravageurs du Swollen shoot dans l’espace CEDEAO.

Y-a-t-il des risques de mutations de ce virus face au dérèglement climatique ? Les coopératives et l’ensemble des producteurs et productrices de cacao affectés par la maladie du Swollen shoot ou pas encore, sont-ils accompagnés pour surmonter les chocs liés à cette catastrophe ? Les nouveaux systèmes agroforestiers mis en place aujourd’hui afin de créer des barrières contre la maladie sont-ils suffisants pour lutter efficacement contre la propagation du virus ? Nous devons réunir nos forces à l’échelle nationale et sous régionale pour apporter des réponses durables et activer des recherches efficaces face à ces fléaux socioéconomiques et environnementaux qui menacent aussi bien notre écosystème écologique qu’économique. Bientôt un siècle, le Swollen shoot sévit en Afrique de l’ouest disais-je !

Selon le ministère des Eaux et Forêts, 80% de la pollution de l’ensemble des bassins versants de la Côte d’Ivoire est causée par l’orpaillage clandestin. Aussi, l’industrie aurifère formelle ajoute-t-elle son lot de pollution. Le cas récent de la pollution du fleuve Cavally par la mine d’or d’Ity l’illustre. La santé des populations de Danané, Zouhan-Hounien, Touleupleu et leurs cultures mises en danger. Entre Swollen shoot et extraction aurifère, l’économie agricole peine face à la dégradation des sols et la pollution des eaux.

A titre de rappel, le diagnostic initial estimait l’arrachage intensif des parcelles de cacao infectées par la maladie du Swollen shoot en Côte d’Ivoire à 100 000 hectares. Cependant, cette maladie a détruit 1000 fois plus. Le spectre des risques environnementaux, économiques et écosystémiques s’élargie avec la pollution de la planète et la destruction des forêts. Les générations présentes et futures vont être affaiblies malgré nos acquis s’il n y a pas d’action pour contenir toutes ces menaces.

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