Et pourtant, nous avons du soleil à revendre…

Lors d’un récent voyage en Allemagne, j’ai été profondément impressionné par l’engagement de ce pays en faveur des énergies renouvelables. Sur presque chaque toit, des panneaux photovoltaïques captent l’énergie du soleil pour produire une électricité « propre ». Mon tuteur, Martin Drechsler, vient d’ailleurs d’en installer sur sa maison. Je partage cette expérience d’une excellente transition énergétique, à l’occasion de cette célébration de la journée de l’environnement à l’échelle mondiale,  afin que l’abondance de l’énergie solaire profite à tous, singulièrement aux pays d’Afrique.

Quand le soleil nous offre l’électricité en abondance

M. Drechsler dispose de batteries très sophistiquées. L’Allemagne en produit et s’investit pour la réduction de la pollution de l’environnement, par la promotion et la consommation d’énergies propres. Par ailleurs, M. Drechsler se retrouve bien souvent avec un surplus d’électricité qu’il transfert vers le réseau fédéral. « Garder trop longtemps ce surplus dans les batteries pourrait les endommager », m’a-t-il expliqué. Ainsi, le soleil nous enseigne l’abondance et l’importance de partager.

J’avoue, ce fort engagement des Allemands m’a poussé à consulter le site de l’Office fédéral allemand des statistiques. Le constat est édifiant : En 2024, près de 60 % de l’électricité produite en Allemagne provenait des énergies renouvelables, c’est-à-dire des sources non fossiles. Le solaire photovoltaïque y occupe une place de plus en plus importante, avec une progression de 10,4 %, devant l’hydroélectricité (10,3 %) et l’éolien, en léger recul de 1,4 %. Ce recul s’expliquerait, entre autres, par les critiques de certains écologistes allemands qui dénoncent l’impact des éoliennes sur la faune, notamment la baisse du nombre d’oiseaux, ainsi que les nuisances sonores pour les riverains.
Cela dit, l’éolien reste aujourd’hui la première source d’énergie en Allemagne (31,5 %), suivi par le solaire (13,8 %), le biogaz (6,5 %) et l’hydroélectricité (4,7 %). Les sources d’électricité dites conventionnelles, comme le charbon (22,5 %) et le gaz naturel (14,9 %), sont en déclin constant, ce qui constitue une avancée notable pour la résilience climatique.

Cet exemple de ce pays d’Europe qui profite de l’énergie solaire peut nous inspirer — nous Africains, et plus spécifiquement nous Ivoiriens. L’Allemagne bénéficie en moyenne de 1 563 heures d’ensoleillement par an sur un total de 4 383 heures. Malgré ce niveau relativement faible, elle devient peu à peu un leader du solaire en Europe.

Abidjan, trois plus d’heures d’ensoleillement

Et pendant ce temps, à Abidjan — qui n’est même pas la ville la plus ensoleillée de Côte d’Ivoire — on a enregistré 4 436,14 heures d’ensoleillement en 2024. C’est près de trois fois plus que l’Allemagne ! Pourtant, les coupures d’électricité sont encore monnaie courante dans notre pays, au grand désarroi des citoyens, victimes des défaillances de la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE), en quasi situation de monopole continu. Les perturbations fréquentes, imprévisibles et des fois choquantes dans la commercialisation de d’électricité par la CIE  freinent l’efficacité et la productivité économique. Or, dans plusieurs pays, le solaire sauve la santé des citoyens, optimise le développement des activités du secteur primaire et facilite la mobilité. Alors, avec cette abondance de soleil, qu’attendons-nous pour valoriser ce trésor ?

Franchir le pas et nous engager résolument dans la production d’énergies propres, c’est possible et bénéfique. Nous avons le soleil, nous avons le potentiel… Il ne manque que la volonté d’oser.

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