Le contexte mondial actuel en matière de déforestation et d’émissions des gaz à effet de serre est alarmant, point besoin de s’en douter. La preuve, la terre a perdu entre 1990 et 2000 7,8 millions de sa surface forestière. Entre 2000 et 2010, 5,2 millions de surface forestière mondiale ont disparu alors qu’entre 2010 et 2020, ce sont 4,7 millions ha de forêt qui n’existaient plus. Quand bien même l’on constate une diminution des surfaces déforestées, il n’en demeure pas moins que les forêts continuent de fondre comme la glace au soleil au fil des années.
La Côte d’Ivoire n’est pas en reste dans ce tableau sombre. Notre pays avait 16 millions d’ha de forêt dans les années 1960. Il est passé à 7,5 millions d’ha en 2000 et à 3,5 millions d’ha en 2015. Aujourd’hui, la surface forestière disponible en Côte d’Ivoire couvre moins de 3 millions d’ha.
La disparition des forêts qui sont du reste un puissant puits carbone s’accompagne ainsi de la non captation du CO2 de l’air qui va ainsi contribuer à élever un peu plus la température de l’atmosphère. On ne devrait donc pas s’étonner de ce dérèglement climatique sans précédent qui fait que chaque année, nous avons par-ci des inondations avec leur lot d’éboulement et de morts et par-là des périodes de sécheresse longues et intenables pour nos masses paysannes. Du coup, la recherche des terres fertiles sous les forêts denses s’impose presqu’à ces communautés.
C’est dans ce contexte que depuis l’accord de Paris, des engagements sont pris ça et là pour sauver notre planète, engagements du reste nobles.
Mais en même temps, nul n’ignore que les pays industrialisés sont les plus gros pollueurs de notre planète et devraient donc être les premiers à mettre en place des mesures coercitives pour stopper cette augmentation de la température.
Au lieu de cela, dans le cadre du marché volontaire carbone (pas le marché réglementaire), ils se donnent le droit de pouvoir continuer à polluer la planète et achètent en compensation des certificats carbone dont seuls leurs organismes américains et européens sont les seuls à valider. Ces certificats serviront à donner le quitus à leurs industries pour continuer à polluer.
Pire, dans le cadre de ce marché volontaire carbone, des sociétés se sont créées dans ces pays industrialisés. Elles viennent dans nos pays Africains avec des financements pour reboiser nos surfaces détruites par leur fait. Ces surfaces reboisées vont servir demain à compenser les émissions des industries au Nord incapables par elles-mêmes d’atteindre les niveaux d’émission imposés par leurs Etats. Alors ces sociétés qui auront dit à nos Etats qu’elles viennent réhabiliter gratuitement nos forêts, revendront leurs certificats carbone aux industries des pays industrialisés avec évidemment souvent le concours de quelques petites ONG ou bureaux de consultants locaux. Tout est comme au temps de l’esclavage, où l’on s’appuyait sur des roitelets locaux pour aller chercher des esclaves dans l’arrière pays. Il faut rester très très vigilants.
Il faut mener des discussions en amont qui permettent de protéger nos pays et surtout nos communautés rurales qui devraient être les premiers bénéficiaires de ces crédits carbone et non les pays industrialisés qui sont la principale cause de cet état des choses.