Nous sommes sous les eaux : la faute à une urbanisation d’Abidjan sans un plan vert ?

L’adage dit que « les Ivoiriens ont plus peur de l’eau que des balles ». Ils ont bel et bien raison car ces jours cauchemardesques d’inondations continuent de persister chaque année avec de nombreux morts et dégâts matériels. Le bilan provisoire de ce mois de juin après deux semaines s’estime à plus de quatre cent victimes directes et au moins huit (8) décès.

J’adresse mes condoléances aux familles endeuillées et à leurs proches. Yako et courage dans ces moments d’épreuves qui nécessitent beaucoup d’efforts, d’espérance et de sérénité, afin d’en surmonter les conséquences directes et indirectes. Perdre un véhicule pénalise, mais perdre un enfant, une mère, un père, un ami, dans ces conditions peut entraîner un traumatisme général ou le long de la vie à chaque fois qu’une pluie s’annonce. Nous devons trouver des solutions durables pour notre pays. De sorte que la pluie ne fasse pas autant de dégâts et pour préserver la vie de chaque citoyen.

On ne le répètera jamais assez ! Le dérèglement climatique est une réalité et les pays littoraux d’Afrique sont encore plus exposés à ses effets.

– La première solution pour nos villes, surtout celles du littoral, c’est d’intégrer la nature au
cœur des quartiers comme nous savons le faire pour les marchés, les centres commerciaux, les églises, les mosquées, les centres de santé etc. En effet, l’urbanisation à outrance du Grand Abidjan, l’ouverture des voies tous azimut sans tenir compte de l’aménagement des zones tampons, expose nos sols au soleil qui les durcit et aux intempéries qui aggravent les phénomènes d’érosion et de charriage en contrebas dans les rivières et les bas-fonds. Nous assistons dès lors à la disparition de la matière organique contenue dans les sols, et dès lors de la perte du phénomène d’infiltration, au profit de l’écoulement des eaux de surface.

– En second lieu, construire des infrastructures solides et pouvant résister à des chocs plus
inattendus et plus violents. Enfin, éduquer sans cesse les populations aux bons gestes. Les caniveaux ne parlent pas mais la pluie et notre santé répondent à leur place. Les bouteilles en plastique polluent et pullulent partout bouchant tous les passages des eaux d’écoulement. Chacun constate que la vie humaine ne tient qu’à un fil, alors adoptons les bons gestes au quotidien. Il faut mieux gérer nos déchets. S’il n’y a pas de poubelles dans les alentours immédiats, autant garder ses déchets et son sac plastique à portée de main jusqu’à la prochaine poubelle ou décharge. Tout ceci nous rend responsable de ce qui nous arrive.

Dans une ville verte, il y a très peu d’éboulement ou de bâtiments qui s’écroulent. Faire d’Abidjan une ville verte, au lieu d’une ville de béton donnera à l’eau de pluie sa place dans les racines des arbres et les risques d’inondations seront contenus. Il est incompréhensible que dans certaines communes d’Abidjan, les langues de terres entre les voies express aient été bétonnées, là où on aurait pu laisser l’espace vert et y favoriser le planting des arbres, ce qui a un double rôle de reverdir Abidjan et apporter de l’air frais à la ville qui deviendrait ainsi de plus en plus verte. Que l’on ne se trompe pas : il nous faut établir une nouvelle relation avec la terre car l’exigüité de notre planète est une réalité dont nous sommes absolument responsables. Aujourd’hui, selon certaines estimations, moins de 3 ha de terre émargée par habitant pour nous nourrir, nous héberger, nous véhiculer et pour vivre. Changeons de comportement vis-à-vis de cette terre pendant qu’il est encore temps. C’est dans les notions de responsabilité et de respect que vont se situer définitivement les solutions aux problèmes de l’environnement et du changement climatique que nous subissons de plein fouet.

GSPM ( Groupement des sapeurs pompiers militaires) fait de son mieux pour sauver des vies, soulageons-les en limitant les vulnérabilités avec de bonnes pratiques environnementales.

Élaborons un plan de sensibilisation aux risques environnementaux et d’aménagement vert. Cela doit être une préoccupation dans nos priorités. Cette urbanisation avec une suite désordonnée d’habitations ou de commerces ne peut empêcher l’eau de prendre sa place à Abidjan qui est une presqu’île. Construisons des villes durables afin de réduire les risques de vulnérabilités pour tous !

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