Orpaillage illégal dans le Sud-Comoé : Menace silencieuse pour les écosystèmes et les populations

Des écosystèmes fragilisés, des mesures insuffisantes pour réparer les dégâts, et l’absence d’actions pour prévenir les dégradations futures : ces situations se multiplient en Côte d’Ivoire. Dans le Sud-Comoé, l’orpaillage illégal détruit la qualité des sols et contamine les sources d’eau, alors que cette région est déjà fortement touchée par l’avancée de la mer et d’autres effets directs du réchauffement climatique.

Entre les plages de Grand-Bassam et d’Assinie Mafia, ou lors d’une balade lagunaire à Aboisso et Adiaké, les possibilités de détente touristique ne manquent pas à proximité d’Abidjan. Toutefois, les atouts naturels de cette belle zone touristique se dégradent progressivement à cause de l’orpaillage clandestin. À N’Guiémé, village historique, la pollution de l’eau et des sols affecte le tourisme et l’agriculture, tout en exposant les populations à des risques sanitaires sans précédent.

La pratique de la natation, pourtant ancrée dans les valeurs culturelles locales, devient dangereuse pour les enfants, désormais effrayés par une lagune rougie et polluée par les activités aurifères illégales. Ce fléau compromet les efforts en faveur d’une agriculture régénérative et aggrave l’insécurité alimentaire. Les ressources halieutiques s’épuisent, alors que la pêche et l’agriculture demeurent les principales sources de revenus des populations locales.

Nos efforts, en collaboration avec le CIRA (Centre d’Incubation Rurale Agroécologique) – créé à Aboisso en 2021, visent à améliorer les pratiques environnementales et agricoles. Mais des facteurs externes, tels que la persistance de l’orpaillage clandestin, constituent des obstacles majeurs à l’insertion des jeunes et à la préservation de l’environnement dans cette région.

Il est essentiel de rappeler que le fléau de l’orpaillage illégal s’étend désormais à l’ensemble du territoire ivoirien. Il suffit de passer par Aboisso pour voir les effets de ce fléau sur la Bia, ce fleuve qui prend sa source au Ghana et se jette dans la mer en Côte d’Ivoire.

L’engagement dans une CDN 3.0 doit se traduire également par le développement d’une industrie extractive durable et équitable. À l’ouest du pays dans la région du Tonkpi, les populations ont été alertées par la contamination de leur source d’eau suite à la mort de poissons près de la mine d’or d’Ity. Elles ont droit à un environnement sain, riche de sa biodiversité, mais se retrouvent exposées aux risques de l’extraction minière, mais surtout aurifère.

Quant à l’orpaillage illégal, avec les dégâts observés sur les zones maritimes, il fragilise non seulement les populations du Sud-Comoé, mais également la mise en œuvre du « Programme Côte d’Ivoire Bleue », porté par le ministère du Développement durable et de la Transition écologique à la COP30.

Partagez cet article :

Vous n'êtes pas autorisé à copier ce texte