Face aux menaces climatiques et à la dégradation galopante des terres, l’Afrique doit cesser de dépendre des fertilisants importés. Nos écosystèmes regorgent des solutions. Il est temps de les mobiliser.
Une dépendance injustifiée
Au regard du potentiel que nous offrent nos écosystèmes, la dépendance de l’Afrique aux produits chimiques de synthèse importés frise l’absurde. Dans chaque pays, l’élaboration d’un programme national de fertilisation durable des sols est une urgence vitale.
Il s’agit d’une priorité pour :
- la sécurité alimentaire,
- la résilience économique,
- et la préservation de la biodiversité.
Agir maintenant, c’est prévenir le pire
Notre Terre, authentique et généreuse, voit ses sols s’appauvrir à un rythme alarmant d’année en année. Aujourd’hui, 40 % des terres agricoles sont en voie de dégradation avancée. Pour certains, c’est peut-être l’occasion de rêver d’exil interstellaire à la Elon Musk ! Mais pour des milliards d’êtres humains vivant sur cette terre, et pour chaque agriculteur et agricultrice, la priorité reste ici : préserver nos sols vaut infiniment plus que des voyages dans l’univers. Revenons à l’essentiel.
Une planète unique… mais des sols en danger
La Terre ne demande pas plus que notre respect pour continuer à nourrir chacun de nous. L’économie circulaire représente un levier africain. Déployons nos forces ensemble pour fertiliser durablement nos sols dans une dynamique circulaire. Cette praxis limite les effets de la pollution sur, l’alimentation, la santé et l’économie.
En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Baisse de la production agricole, pénurie d’eau et hausse du niveau de la mer : si nous n’agissons pas maintenant, 86 millions d’Africains pourraient être déplacés à l’intérieur de leur pays d’ici 2050 », alerte la Banque mondiale. Et ce n’est pas tout :« la dégradation des zones côtières au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo coûte déjà 3,8 milliards de dollars par an, soit 5,3 % de leur PIB. L’inaction est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre ».
Les biofertilisants : une solution accessible et durable
Les biofertilisants et biopesticides, issus de nos propres services écosystémiques, offrent une réponse concrète et adaptée aux défis multiformes de notre époque. L’expérience du CIRA, qui a mis en œuvre une application rigoureuse de biofertilisants et biopesticides naturels, illustre parfaitement l’efficacité et la durabilité de cette approche. Il s’agit de l’économie circulaire appliquée à notre contexte local. Nos ancêtres l’avaient compris : rien ne se perd. Tout se transforme.
Aujourd’hui, il est temps de moderniser ces savoirs, d’y injecter innovation, adaptation et optimisation pour répondre aux réalités africaines.
Produire nos intrants, une solution à portée de main
Les techniques de production de bio-intrants sont simples, accessibles et efficaces :
- compost simple
- compost enrichi
- engrais organique liquide, etc.
Ces pratiques régénèrent nos sols, protègent la biodiversité et augmentent les rendements agricoles. Il suffit de les inscrire dans un programme d’économie circulaire à l’échelle régionale et nationale. La clé réside dans l’autodétermination. Nous n’avons pas besoin d’attendre des aides extérieures pour agir.
Des signes d’espoir à cultiver
Les initiatives se multiplient. En Afrique de l’Ouest, un exemple inspire : « Le Sénégal sera autosuffisant en semences certifiées d’ici trois ans », affirme Dr Mabouba Diagne. Pourquoi ne serions-nous pas également autosuffisants en biofertilisants de qualité dans les prochaines années ? C’est possible.
Produire nos intrants, c’est garantir :
- une bonne nutrition,
- une agriculture durable,
- et un environnement sain pour tous.
L’avenir des sols africains ne se trouve ni dans les containers venus d’ailleurs, ni dans les laboratoires des grandes puissances. Il se trouve ici, sous nos pieds, entre nos mains. À nous de choisir de les cultiver ou de les abandonner.