Travaillons ensemble à la résilience climatique dans le cacao

Les vertus du chocolat pour la santé sont connues et nombreuses. Cependant, les producteurs de cacao basculent entre souffrance et survie. Nonobstant le droit à la santé, se soigner après le travail laborieux dans les champs et offrir des soins de santé adéquats à leurs enfants reste un rêve. L’une des causes principales de la vulnérabilité des cacaoculteurs : les revenus faibles perçus. « la Côte d’Ivoire fournit 40% du cacao mondial mais elle récolte seulement 5-7% des gains de la chaîne de valeur mondiale du chocolat (100 milliards de dollars) », rapporte la Banque Mondiale. Un véritable paradoxe !

Depuis la Belgique, les campagnes vont bon train pour que les pays producteurs soient en conformité avec la démarche cacao durable, zéro déforestation. Cependant, il faudrait un engagement conséquent du marché Européen et des actions concertées plus fortes pour travailler non seulement avec les pays producteurs, mais aussi avec les planteurs de cacao. De sorte, à attirer l’attention de tous, sur l’importance de préserver les forêts pour continuer à produire du cacao. Ce processus commence par l’amélioration des revenus perçus par les cacaoculteurs. Autrement, le cacaoculteur, pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, recherche par contraintes de nouvelles surfaces à planter. L’entretien des plantations est fastidieux et coûte cher !  Quel choix faire quand sous les forêts de nouvelles terres sont riches et procurent une productivité élevée pendant les premières années. alors qu’on endure la pénibilité de l’activité ? Pour obtenir des revenus vitaux, ils sont obligés de détruire plus de forêts.

Voyez-vous, dans des pays comptant à 100% sur la clémence du climat pour leur agriculture, s’il n’y a plus de forêts, pas sûr qu’il y ait des pluies. Et s’il n’y a pas de pluie, il n’est pas évident non plus de construire notre binôme Cacao-forêt pourtant important. Je pense que les décisions de conformité prises par les pays acheteurs de cacao, en l’occurrence celles relatives à la régulation de l’UE, peuvent soutenir les pays producteurs à mieux protéger leurs forêts en favorisant le travail décent pour les cacaoculteurs. Mais, à condition de s’investir résolument avec ces pays producteurs et les planteurs en vue de mieux protéger leur patrimoine forestier. En fin de compte, tout le monde y gagne car la déforestation liée au cacao croît à cause des prix dérisoires et face à cela les pays acheteurs ont le devoir d’agir pour la résilience climatique dans le cacao. S’agissant des pays producteurs, ils devront améliorer la qualité de leur offre et passer de pays exportateurs de fèves de cacao à pays exportateurs de produits transformés issus du cacao. La transformation locale du cacao va permettre de financer la résilience climatique de ces pays. « En Côte d’Ivoire, l’heure est à l’action ! Prendre de nouvelles mesures est crucial; l’industrie du cacao dans le pays pourrait perdre +/- 1 md de $ d’ici 2050. Le pays doit saisir cette opportunité pour s’engager vers une croissance plus durable », selon le dernier rapport sur le développement et le climat du pays.

Autrefois, forêt tropicale, Soubré fourni les meilleurs fèves de cacao qui alimentent nos industries chocolatières dans le monde entier. En 50 ans de dur labeur, les cacaoculteurs de cette zone forestière de la Côte d’Ivoire n’osent pas prétendre avoir une retraite décente ou bénéficier de soins de santé adéquats pour eux et leurs familles. Plus grave, scolariser les enfants jusqu’à ce qu’ils parachèvent leurs études devient un parcours de combattant. La déception entraine ainsi de nombreux agriculteurs à céder leurs parcelles pour l’orpaillage clandestin et les conséquences sur la détérioration des sols sont palpables. Ce fléau est général, la périphérie ouest du parc national de Taï dans le bassin versant de la rivière Hana se détériore.

« Le cacao est l’une des principales exportations de la Côte d’Ivoire et près de la moitié des emplois du pays se situent dans ce secteur », précise la Banque Mondiale. Cela veut dire que le rêve du chocolat au-delà de ses saveurs gustatives et ses bienfaits sanitaires peut permettre a des millions de personnes de reconstruire leur vie et celle de leur famille dans la dignité. Celles-ci deviendraient les premiers défenseurs des forêts parce qu’elles ne sont pas les oubliées de ce commerce de leurs produits agricoles. Je suis convaincu qu’aucun cacaoculteur n’irait cultiver dans une forêt classée grâce à notre action commune de formation, de revalorisation professionnelle, soutenues par des revenus décents perçus. Les cacaoculteurs alerteront et sensibiliseront eux-mêmes sur la nécessité de reboiser s’ils sont moins préoccupés par leur survie. Suite à leur rêve brisé par un secteur d’activité dont le marché est porté sur la performance financière dans les pays industrialisés au détriment de la performance sociale renforcée du suivi d’impact environnemental dans les pays producteurs de cacao, manifester notre responsabilité collective en travaillant ensemble pour la résilience leur redonnera de l’assurance.

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