Défis à relever pour garantir la sécurité alimentaire

Avant de déployer des solutions de haute technologie, les réponses à la sécurité alimentaire dans nos pays africains résident dans des mesures pratiques, adaptées aux réalités des populations locales. Nous avons la capacité de réduire les pertes — notamment celles en nutriments, estimées à 4 milliards de dollars par an — et de créer un environnement socioprofessionnel favorable aux ambitions structurantes pour l’Afrique.

Malgré son potentiel, l’Afrique reste le terreau de l’insécurité alimentaire mondiale, alors qu’elle pourrait être le grenier de la planète. Entre 2014 et 2023, l’insécurité alimentaire a augmenté de 60 %. Cette situation est d’autant plus grave qu’elle affecte directement la santé maternelle et infantile. Elle est également préoccupante car, dans le même temps, la production alimentaire a pourtant augmenté de « 160 % au cours des trente dernières années », selon la Banque mondiale.

Certes, nous devons améliorer la productivité de l’ensemble du secteur primaire, au-delà de l’agriculture. Toutefois, il est essentiel d’adopter une approche systémique et holistique des défis à relever pour garantir la sécurité alimentaire — un droit fondamental pour chaque individu.

Premièrement, la stabilité institutionnelle et la sécurité au sein des sous-régions sont des conditions essentielles à l’efficacité des producteurs et à la durabilité de la sécurité alimentaire. Le développement des capacités humaines et productives requiert un climat social propice, soutenu par une synergie de mesures complémentaires dans les blocs sous-régionaux.

Deuxièmement, il est encore temps d’agir collectivement pour restaurer la fertilité des sols. « Plus de 80 % des terres agricoles africaines sont dégradées, limitant la production alimentaire et générant des coûts d’importation massifs. L’Afrique subsaharienne perd 4 milliards de dollars en nutriments chaque année », alerte la Banque mondiale.

Ne soyons pas surpris par les conséquences de la dégradation des sols et de l’instabilité sociale sur plusieurs générations. La pandémie de Covid-19, les crises sur le vieux continent et les récentes dispositions des États-Unis appellent à des réponses rapides face aux défis de la résilience économique en Afrique. L’autosuffisance et la sécurité alimentaires doivent devenir des piliers transversaux à tous les secteurs d’activité.

À ce sujet, reconnaissons la valeur du bien-être des agriculteurs dans nos assiettes. Atténuer la pénibilité de leur travail, améliorer leurs revenus, réduire les pertes liées au transport et à la conservation profite à une alimentation saine pour le consommateur final. Il est possible de mettre en place des formations régulières sur les techniques agricoles durables et les bonnes pratiques adaptées aux contextes locaux. Pour obtenir des résultats durables sur plusieurs générations, nos actions doivent reposer sur des objectifs à moyen terme, portés par une vision claire et une culture de l’innovation.

Enfin, soulignons l’importance de l’eau dans notre alimentation. De la production à la consommation, la disponibilité et la qualité de l’eau sont des enjeux majeurs. Nous faisons face à plusieurs formes de pollution : exposition aux intrants chimiques, traitement à risque des eaux usées, invasion des cours d’eau et des sols par les plastiques. À cela s’ajoute la déforestation, qui perturbe directement le cycle de l’eau. La sensibilisation, le contrôle et la formation doivent jouer un rôle central dans le changement des comportements.

« 84 % des exploitations agricoles mondiales font moins de 2 hectares », rapporte l’Organisation internationale du travail (OIT). Il va sans dire que la majorité des agriculteurs — piliers de la productivité industrielle — reste vulnérable aux effets du dérèglement climatique. « Pourtant, ces petites exploitations produisent 30 % de notre alimentation », souligne l’OIT. Il est donc impératif d’investir et d’agir avec engagement pour préserver l’environnement, à l’écoute des agriculteurs et à leurs côtés. Résolument déterminés, avec eux, à trouver des solutions, à les appliquer efficacement, à innover et à renforcer cette collaboration de manière continue.

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